Le ciel est bas. Il fait beau pourtant, mais le ciel étouffe la mer comme une couche de coton. Il n’est pas nuageux, il est juste uniformément lumineux. Cette ambiance me paraît toujours irréelle, je ne l’ai croisée qu’ici. Aucune autre mer, aucun autre rivage n’a ce pouvoir d’être si intime et personnelle. Parfois, si le temps est à l’orage, la mer devient même fluorescente, la masse cotonneuse prenant une teinte vert d’eau.
Mais aujourd’hui il fait beau. Le vent balaye énergiquement la plage, soulevant une couche sèche de sable qui fouette les jambes et pique les yeux. La mer n’est jamais autant intime que dans ces cas-là. Elle est haute et si j’entrais dans l’eau, là à l’instant, il n’y aurait plus qu’elle et moi. Le ciel nous couverait comme une couette blanche et chaude. Un duvet pour garder ce moment. La mer n’est pas froide, même pas fraîche. En fait, elle est accueillante, presque chaude.
La lumière diffuse, la plage n’a pas d’immensité dans laquelle se perdre, se sentir petit. Ici, sur ma plage, entre les brises lames, à quelques mètres de la digue à peine, la mer se fait toute petite. Il n’y a pas de cris d’enfants ou de mouettes, la plage est déserte. Au loin, les bateaux continuent de passer, mais ils sont également si proches qu’on les croit à porter de doigts.
Les vagues elle-mêmes se font douces quand, comme aujourd’hui, le soleil est un cercle plus clair quelque part au-dessus de nos têtes. Quand l’orage est proche, quand il pleut, les vagues vous repoussent, trop hautes, trop dangereuses. Et pourtant, il suffit de les affronter pour que la mer redevienne une douce berceuse. Un lit chaud où l’on pourrait rester des heures, à écouter le reflux, à regarder le ciel qui n’a rien d’infini. La pluie elle-même ne vous dérangerait pas.
Mais aujourd’hui, le ciel est bas, il fait beau.
Ah la mer !
Merci pour cette prose pleine de poésie.
J’ai beaucoup ta description, par exemple
» La mer n’est pas froide, même pas fraîche. En fait, elle est accueillante, presque chaude. »
Oui, une fois que l’on a sauté le pas, passé les premiers « Hiiinn! » où l’on s’efforce à ne rien montrer, ou le « Oh P#t@1n !Oh P#t@1n !Oh P#t@1n ! », c’est bien ça. On y est bien.
Il y a de beaux coins de balade par là bas, en évitant les endroit « gazolinés » …